Table des Matières
Introduction Editoriale et Préface
I. Introduction
II. Science Dichotomisée et Religion Dichotomisée
III. L'Expérience "Essentiellement Religieuse" ou "Transcendentale"
IV. Dangers Organisationnels des Expériences Transcendantales
V. Espoir, Scepticisme, et la Nature Elevée de l'Homme
VI. La Science et les Libéraux Religieux et les Non-Théistes
VII. Education Libre de Valeurs?
VIII. Conclusions
APPENDICES:
A. Aspects Religieux des Peak-Experiences
B. La Troisième Psychologie
C. Expressions Ethnocentriques des Peak-Experiences
D. Quelle est la Validité du Savoir
Provenant des Peak-Experiences?
E. Preface à "New Knowledge in Human Values"
F. Communications Rhapsodiques et Isomorphiques
G. E-Valeurs en tant que Descriptions de Perceptions
dans les Peak-Experiences
H. Raisons Naturalistes pour Préférer les Valeurs de Croissance
aux Valeurs de Régression dans de Bonnes Conditions
I. Un Exemple d'E-Analyse
Bibliographie
Religions, Valeurs, et Peak-Expériences ©1964 by Kappa Delta Pi and
©1970 (preface) The Viking Press. Published by Penguin Books Limited
ISBN 0 14 00.4262 8
Traduction française © 2002 by Eric de Rochefort
NOTE:
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Parallèlement à cette croissance de communication internationale et à l'unité qu'elle a entraînée dans les sciences, et au moindre degré d'accord qu'elle a engendré parmi les théoriciens politiques et sociaux, il y a eu un sentiment naissant en faveur d'une communication accrue -- voire d'une unité -- parmi les religions du monde. Les groupes protestants ont abandonné ou abandonnent leurs vues sectaires strictes. Le conseil œcuménique a produit des changements qui, bien qu'encore largement de d'ordre procédurier, contiennent la promesse d'une coopération grandissante entre l'Eglise Catholique Romaine et d'autres confessions. Des efforts ont étés faits et continuent de l'être pour réconcilier les vues des grands leaders religieux de toutes les religions principales -- Juive, Chrétienne, Musulmane, Bouddhiste et Hindoue -- les religions qui dans le passé ont été considérées par leurs adhérents comme fondées sur la révélation directe d'un être suprême ou un prophète terrestre choisi.
Traditionnellement, la religion a relevé de l'esprit, et la science du corps ; il y a eu un gouffre philosophique majeur entre la connaissance du corps et la connaissance de l'esprit. Les sciences naturelles et la religion ont étés généralement considérés comme des opposants naturels et éternels.
William James par sa psychologie -- particulièrement son ouvrage Varieties of Religious Experience, et John Devey dans A Common Faith, ont fortement influencé les vues du docteur Maslow dans le présent ouvrage, le 35e volume des "Kappa Delta Pi Series." L'avis de l'auteur diverge de celui des adeptes de ces prophètes qui se réclament d'une révélation obtenue directement de Dieu, et de celui des scientifiques du 19e siècle qui ne nient pas seulement la révélation, mais Dieu lui-même. Maslow déclare que ces révélations ont été, selon ces termes, des "Peak-Experiences" qui sont caractéristiques non seulement d'émissaires spécialement choisis par Dieu, mais de l'humanité en général. Docteur Maslow considère ces révélations comme des événements psychologiques valides dignes d'une étude scientifique, plutôt que métaphysique -- des clés pour une meilleure compréhension d'un aspect particulièrement "humain" de l'existence humaine.
Ce volume est présenté comme une contribution à la
pensée philosophique scientifique, comme une interprétation d'un aspect
fondamental de la vie, comme une étape vers une meilleure compréhension des
religions du monde, et comme un programme possible de nouveau développement de
relations saines entre la science moderne de et la théologie moderne.
E. I. F. Williams, Editeur Kappa Delta Pi Publications |
Je pense que la meilleure façon dont je puisse évoquer mon avertissement contre la polarisation et la dichotomisation est par une approche historique. Je vois dans l'histoire de nombreuses religions organisées une tendance à voir se développer deux branches extrêmes: d'un côté une branche "mystique" et individuelle et de l'autre une branche légaliste et organisationnelle. La personne profondément et automatiquement religieuse intègre ces tendances aisément automatiquement. Les formes, le rituel, le cérémonial, et la liturgie dans lesquelles elle a été élevée restent pour elle ancrée dans l'expérience, symboliquement significative, relevant de l'archétype, unifiante. Une telle personne peut suivre les mêmes attitudes et comportements que ses plus nombreux coreligionnaires, mais elle n'est jamais réduite à ces comportements, comme le sont la plupart d'entre eux. La plupart des personnes perdent ou oublient l'expérience subjectivement religieuse, et redéfinissent la religion [1] comme un ensemble d'habitudes, de comportements, de dogmes, de formes qui deviennent extrêmement entièrement légalistes et bureaucratiques, conventionnels, vides, et dans le sens le plus plein du mot, antireligieux. L'expérience mystique, l'illumination, le grand éveil, aussi bien que le voyant charismatique par qui tout a commencé sont oubliés, perdus ou transformés en leur contraire. La religion organisée, les églises pourraient finalement être les plus grands ennemis de l'expérience religieuse et des pratiquants de l'expérience religieuse. Ceci constitue la thèse principale de ce livre.
D'un autre côté, pourtant, le mystique (ou expérimental) a aussi ses pièges sur lesquelles je n'ai pas suffisamment mis l'accent. Tout comme le type "Apollinien" peut tendre vers l'extrême consistant à le réduire au strictement comportemental, le type mystique risque aussi d'être réduit au strictement expérientiel. Par simple joie et émerveillement dérivé de ses extases et Peak-Experience il peut être tenté de les rechercher ad hoc et de les valoriser exclusivement, comme les seuls ou tout du moins les plus grands bienfaits de la vie, en abandonnant d'autres critères de bien et de mal. Focalisé sur ces merveilleuses expériences subjectives, il peut risquer de se détourner du monde et des autres dans sa recherche d'activateur de Peak-Experience (tous types d'activateurs). En un mot, au lieu d'être temporairement absorbé intérieurement, et à la recherche de soi, il peut tout simplement devenir une personne égoïste, recherchant son propre salut, s'efforçant d'atteindre au "paradis" même s'il est inaccessible pour d'autres, et peut-être même en utilisant des autres comme des activateurs, comme moyen pour son propre but d'états avancés de conscience. En un mot, il peut devenir non seulement égoïste, mais aussi mauvais. Mon impression, à partir de l'histoire du mysticisme, est que cette tendance peut quelquefois aboutir à de la méchanceté, à la cruauté, à la perte de compassion et même à l'extrême au sadisme.
Un autre piège possible pour les mystiques (polarisants) au cours de l'histoire a été le besoin d'augmenter graduellement des activateurs. C'est-à-dire que des stimuli de plus en plus importants sont nécessaires pour produire la même réponse. Si les seules bonnes choses de la vie deviennent des Peak-Experience et si tous les moyens dans ce sens se deviennent bons, et s'il vaut mieux plus de Peak-Experience que moins, alors une personne peut forcer dans ce sens, pousser activement, s'efforcer et pourchasser et se battre pour eux. Ils ont donc souvent basculé dans la magie, dans le secret et l'ésotérique, dans l'exotique, l'occulte, le dramatique, le dangereux, le cultisme. L'ouverture saine pour le mystérieux, la reconnaissance réinvestissement réalistiquement humble que savons pas grand-chose, l'acceptation modeste et reconnaissante de la grâce gratuite et tout simplement de la chance -- tout ceci peut basculer dans l'antirationnel, l'anti-empirique, l'anti-scientifique, l'anti-scientifique, l'anti-verbale, l'anti-conceptuel. La Peak-Experience peut alors être exaltée comme la meilleure, voire la seule voie vers la connaissance, et de ce fait tous les tests et les vérifications de la validité de l'illumination peuvent être balayées.
La possibilité que les voix intérieures, les "révélations" puissent être erronées -- une leçon de l'histoire qui devrait apparaître clairement -- est déniée, et il n'y a alors aucune façon de déterminer si les voix intérieures sont les voix du bien ou du mal (George Bernard Shaw confronte ce problème dans Sainte Jeanne). La spontanéité (des impulsions du meilleur de nous-mêmes) se confond avec l'impulsivité et le jeu de rôle (des impulsions de la partie malade de nous-mêmes), il y a alors aucune façon de distinguer l'un de l'autre.
L'impatience (particulièrement l'impatience intrinsèque de la jeunesse) impose des raccourcis de toutes sortes. Les drogues qui peuvent être utiles lorsque utilisées sagement, deviennent dangereuses lorsque utilisés sans discernement. L'éclairage soudain devient "tout", et le travail laborieux, patient et discipliné et repoussé à plus tard ou dévalué. Au lieu d'être "surpris par la joie", "l'exaltation" est programmée, promise, annoncée, vendue, provoquée et peut devenir aux yeux de certains un "produit de consommation." Les rapports sexuels amoureux, sans aucun doute une voie possible vers l'expérience du sacré, peuvent devenir de la "baise", c'est-à-dire désacralisés. Des "techniques" de plus en plus exotiques, artificielles peuvent aller de plus en plus haut jusqu'à devenir nécessaires et aller jusqu'à provoquer l'impuissance.
La recherche de l'exotique, de l'étrange, de l'inhabituel, de l'original a souvent pris la forme de pèlerinage, de retraite du monde, de "voyage à l'Est", vers un autre pays où une autre religion. La grande leçon des vrais mystiques, des moines Zen, et maintenant aussi des psychologues humanistes et transpersonnels -- que le sacré est dans l'ordinaire qu'il est à trouver dans la vie quotidienne, dans ses voisins, ses amis, et dans sa famille, dans son entourage, et que le voyage peut-être une fuite du face-à-face avec le sacré -- cette leçon peut facilement être perdue. Le fait de chercher les miracles autres part est pour moi un signe certain de l'ignorance que tout est miraculeux.
Le rejet d'une caste de prêtres qui se présentaient comme les dépositaires exclusifs d'une ligne directe privée avec le sacré a été dans mon esprit un immense pas en avant dans l'émancipation de l'humanité, et nous pouvons remercier les mystiques -- parmi d'autres -- pour cet accomplissement. Mais cet éclairage valide peut aussi être mal utilisé lorsqu'il est dichotomisé et exagéré par des personnes stupides. Il peut le distordre en un rejet du guide, de l'enseignant, du sage, du thérapeute, du conseiller, de l'ancien, de l'assistant sur le chemin de l'auto actualisation et du royaume de l'Etre. Ceci constitue souvent un grand danger est toujours un handicap inutile.
En résumé, l'Apollinien sain (c'est-à-dire intégré au Dionysien sain) peut devenir pathologique au point de dégénérer en une maladie compulsive obsessionnelle extrême et dichotomisée. Mais le Dionysien sain (c'est-à-dire intégré à l'Apollinien sain) peut aussi devenir pathologique a l'extrême et dégénérer en hystérie avec tous ses symptômes. [2]
Ce que je suggère ici est à l'évidence une attitude et une façon de penser intégralement holistique. L'expérimental ne doit pas seulement être mis en exergue et ramené dans la psychologie et la philosophie commune en opposant du simplement abstrait et abstrus, de l'a priori, de ce que j'ai appelé les "mots remplis d'hélium". Il doit aussi être alors intégré avec l'abstrait et le verbal, c'est-à-dire que nous devons réserver une place pour des "concepts basés sur l'expérientiel" et pour des "mots au contenu expérientiel", c'est-à-dire pour la rationalité basée sur l'expérience par opposition à la rationalité a priori que nous en sommes presque venus à identifier à la rationalité elle-même.
La même chose est vraie des relations entre l'expérientialisme et la réforme sociale. Ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez en front des opposés, mutuellement exclusifs. Bien sûr, ceci s'est souvent produit au cours de l'histoire et se produit encore souvent aujourd'hui. Mais ça ne doit pas nécessairement se produire. C'est une erreur atomistique, un exemple de dichotomie et de pathologie qui va de pair avec l'immaturité. Le fait empirique est que les personnes auto-actualisantes, les sujets qui expérimentent au mieux, sont aussi ce qui ont le plus de compassion, ceux qui font le plus pour le progrès et la réforme de la société, ceux qui sont les plus effectifs dans la lutte contre la justice, l'inégalité, l'esclavage, la cruauté, l'exploitation (et aussi nos plus vaillants combattants en faveur de l'excellence, de l'efficacité, de la compétence). Il devient aussi de plus en plus clair que les meilleurs "aides" sont aussi les personnes les plus pleinement humaines. Mais une facette nécessaire du fait de devenir une meilleure personne passe par le fait d'aider d'autres personnes. Il est donc possible et nécessaire de faire un et l'autre simultanément (la question "lequel doit venir en premier" est une question atomiste.)
Je voudrais dans ce contexte renvoyer à ma démonstration dans la préface de l'édition révisée (1970) de mon ouvrage Motivation et Personnalité (59) [3] que le zèle normatif n'est pas incompatible avec l'objectivité scientifique, mais peut y être intégrée, culminant en une forme supérieure d'objectivité, c'est-à-dire Taoïste.
Ce à quoi tout ceci revient est ainsi: la religion avec un petit r est tout à fait compatible, au plus haut niveau de développement personnel, avec la rationalité, avec la science, avec la passion sociale. Elle peut, de plus, intégrer tout à fait aisément le sainement animal, matériel et égoïste avec le naturellement transcendant, spirituel et axiologique (voir mon ouvrage "Une Théorie de Métamotivation: The Biological Rooting of the Value-Life" Journal of Humanistic Psychology. 1967 VII 93-127.
Pour d'autres raisons aussi, je considère maintenant que l'ouvrage penchait trop en faveur de l'individualiste et pas assez en faveur des groupes, organisations et communautés. Au cours même de ces dernières cinq ou six années nous avons appris à ne pas seulement considérer les organisations comme des entités nécessairement bureaucratiques, en comprenant mieux les genres de groupes humanistes, répondant et comblant les besoins, c'est-à-dire en tenant compte de la recherche en Développement d'Organisation et du management Théorie Y, l'expérience s'accumule rapidement avec les groupes T, les groupes de rencontre, les groupes de croissance personnelle, et les succès de la communauté de Syannon, des kibboutz Israéliens, etc. (voir ma liste du réseau Eupsychien, un appendice dans l'édition révisée [1968] de "Vers une Psychologie de l'Etre" [70]). En fait, je peux affirmer beaucoup plus haut que je ne l'ai jamais fait, pour des raisons empiriques, que les besoins humains basiques ne peuvent être comblés que part et à travers d'autres êtres humains, c'est-à-dire la société. Le besoin de communauté (sens d'appartenance, contact, sens du groupe) est en lui-même un besoin basique. La solitude, l'isolation, l'ostracisme, le rejet par le groupe -- ceux-ci ne sont pas seulement douloureux, mais aussi pathogènes. Nous savons aussi bien sûr depuis des décennies que l'humanité et la particularité de l'espèce chez l'enfant ne sont qu'une potentialité et doivent être actualisés par la société.
Mon étude de l'échec de la plupart des efforts utopiques m'a appris à poser les questions élémentaires elles-mêmes d'une façon plus pratique et plus propice à l'investigation. "Combien une nature humaine permet-elle une bonne société.?" et "combien une société permet-elle une bonne nature humaine?" (Pour les implications de cette façon de poser les questions, ou voir mon ouvrage "Eupsychian Management: a Journal" [1965] [69] et mon essai "Some Fundamental Questions that Face the Normative Social Psychologist" Journal of Humanistic Psychology, 1968, VIII.
Enfin, j'ajouterais aujourd'hui aux matériaux sur les Peak-Experiences non seulement une plus grande considération pour les expériences à nadir, la thérapie psycholitique de Groff, le face-à-face avec la mort et la rémission, les visions post-chirurgicales, etc. mais aussi pour "l'expérience plateau". Celle-ci est sereine et calme, plutôt qu'une réponse poignante, émotionnelle, culminante, autonome au miraculeux, à l'impressionnant, au sacralisé, à l'Unificateur, aux E-valeurs. Pour autant que je puisse l'affirmer aujourd'hui, l'expérience plateau élevée contient toujours un élément noétique et cognitif, ce qui n'est pas forcément vraie des Peak-Experiences, qui peuvent être purement et exclusivement émotionnelles. Elles sont bien plus délibérées que ne le sont les Peak-Experiences. Il est possible d'apprendre à discerner dans cette voie cognitive presque dessein. Cela devient alors assister, apprécier ce que l'on pourrait alors appeler un émerveillement cognitif qui peut, cependant avoir une qualité de détente de désir.
Il y a plus dans la Peak-Experience un élément de surprise et d'incrédulité, et de choc esthétique, plus de l'impression d'éprouver ce genre d'expérience pour la première fois. J'ai souligné autre part que le corps et le système nerveux vieillissant sont moins capables de tolérer une Peak-Experience réellement puissante. J'ajouterais ici aussi que la maturation et l'avancée en age signifient aussi la perte d'une partie de la nouveauté, de la découverte, de l'absence de préparation et de la surprise.
Les Peak-Experiences et expériences plateau différent aussi dans leur rapport la mort. La Peak-Experience elle-même peut souvent être correctement décrite comme une "petite mort" et une renaissance sous différents aspects. L'expérience plateau moins intense et plus souvent éprouvée comme une pure appréciation et bonheur, comme par exemple une mère assise paisiblement, observant son bébé jouer et s'émerveillant, s'étonnant, philosophant, n'y croyant pas tout à fait. Elle peut éprouver cela comme une expérience durable, contemplative très plaisante, plutôt que comme quelque chose ressemblant à une explosion culminante qui finit alors.
Les personnes plus âgées, faisant leur paix avec la mort, sont plus aptes à être profondément touchés par une (douce) tristesse et des larmes du fait du contraste entre leurs propre mortalité et la qualité éternelle de ce qui déclenche expérience. Ce contraste peut rendre bien plus poignant et précieux ce qui est observé, par exemple "les vagues seront toujours la et tu seras bientôt parti. Alors, profites-en bien, apprécie-les, sois pleinement conscient d'elles. Sois-en reconnaissant. Tu as de la chance."
Il est de la plus haute importance aujourd'hui de réaliser que le fait d'éprouver des expériences plateau peut-être accompli, appris, gagné par un long travail ardu. Il est préférable d'y aspirer de façon significative. Mais je ne connais aucune façon de raccourcir la maturation, l'expérimentation, la vie et l'apprentissage nécessaire. Tout ceci prend du temps. Un aperçu fugace es que le t cependant possible dans le Peak-Experience qui peuvent après tout s'offrir quelquefois à tout un chacun. Mais d'élire domicile sur les hauts plateaux de la conscience unitive, pour ainsi dire, c'est là une autre affaire. Cela tend à être l'effort d'une vie. Cela ne devrait pas être confondu avec l'événement du jeudi soir que bien des jeunes considèrent comme le chemin vers la transcendance. En fait, ce ne devraient être confondu avec aucune autre expérience. Les "disciplines spirituelles", aussi bien classiques que les nouvelles qui sont découvertes ces jours-ci demandent toute du temps, du travail, de la discipline, de l'étude, l'engagement.
Il y a beaucoup plus à dire en ce qui concerne ces états qui sont clairement pertinents pour la vie transcendantale et le transpersonnel, et pour l'expérimentation de la vie au niveau de l'Etre. Tout ce que je veux accomplir ici par cette brève évocation est de corriger la tendance de certains à identifier les expériences de transcendance comme seulement spectaculaires, orgasmiques, passagères, "aiguës", comme un moment au sommet de l'Everest. Il y a aussi le haut plateau où l'on peut rester en extase.
Si j'avais à résumer aussi bien l'ouvrage que mes remarques dans cette préface en quelques mots, je le dirai de cette façon : l'homme à une nature élevée et transcendantale, et c'est là une partie de son essence, c'est-à-dire sa nature biologique en tant que membre d'une espèce qui évolué. Ceci signifie pour moi quelque chose sur quoi je veux être très clair, c'est-à-dire un rejet pur et simple du type d'Existentialisme selon Sartre, c'est-à-dire de négation d'appartenance à l'espèce, et de la nature biologique de l'homme, et de son refus de confronter l'existence des sciences biologiques. Il est vrai que le terme Existentialisme est maintenant utilisé de tant de façons différentes par tant de personnes différentes, et même de façons contradictoires, que cette accusation de concerne pas tous ceux qui utilisent le libellé. Mais précisément à cause de cette diversité d'usage, le terme est devenu selon moi sans objet, et pourrait tout aussi bien être abandonné. La difficulté est que je n'ai pas de bon libellé alternatif à offrir. Si seulement il y avait une façon de dire simultanément "Oui, l'homme et d'une certaine façon son propre projet, et il se fait lui-même. Mais il y a aussi les limites à ce qui peut devenir, lui-même. Le "projet" est biologiquement déterminé pour tous les hommes; C'est de devenir un homme. Il ne peut pas adopter comme son projet de devenir un chimpanzé. Ou même une femme. On un bébé. Le bon libellé devrait combiner ce qui relève de l'humaniste, du transpersonnel, et du trans-humain. De plus, il devrait être expérientiel (phénoménologique), au moins dans ses fondations. Il devrait être holistique plutôt que disséquant. Il devrait être empirique plutôt qu'a priori, etc. etc..
Le lecteur particulièrement intéressé par les
développements récurrents dans la ligne de cet ouvrage peut se référer au Journal
of Transpersonal Psychology (P.O. Box 4437, Stanford, California 94305)
récemment établi (1969) et au quotidien plus ancien Manas (P.O. Box
32112 El Sereno Station, Los Angeles Califirnia 90032).
Dr. Abraham H. Maslow The W. P. Laughlin Charitable Foundation 1 Saga Lane Menlo Park, California 94025 May, 1970 |
Chapitre I.