les caractéristiques de l'être sont aussi les valeurs de l'être. Ces E-valeurs sont perçues comme finales et ne pouvant pas être analysées plus avant (et pourtant, chacune d'entre elles peut être définie par rapport aux autres). Elles sont également parallèles aux caractéristiques de sens de soi-même (identité) dans les Peak-Experiences, ou caractéristiques de l'art idéal, de démonstration mathématique idéale, des théories et des expérimentations idéales, de la science et du savoir idéaux, des buts élevés et de tout ce qui est idéal, des psychothérapies de la découverte (Taoïste, sans interférence); des buts élevés de l'éducation humaniste idéale, des buts élevés et de l'expression de certains types de religion; des caractéristiques de l'environnement idéalement bon et de la société idéalement bonne (62).
Ce qui suit peut être considéré soit comme une liste de descriptions des attributs de la réalité perçues au cours des Peak-Experiences, soit comme une liste de valeurs intrinsèques, irréductibles de cette réalité.
Les E-valeurs descriptives, vues comme des aspects de la réalité, devraient être distinguées des attitudes ou émotions du E-cogniteur envers cette réalité cognitée et des attributs, c-a-d amour, adoration, révérence, humilité, sentiment de petitesse mais aussi de déité, approbation de, accord, émerveillement, sens du mystère, gratitude, dévotion, dédication, identification à, appartenance à, fusion avec, surprise et incrédulité, peur, joie, extase, félicité, etc.1. Vérité; honnêteté, réalité; (nudité; simplicité; richesse; essentialité; [oughtness]; complétude pure, propre, et non entachée).
2. Bonté : (justesse; désirabilité; [oughtness]; justice; bienveillance; honnêteté); (nous l'aimons, y sommes attirés, nous l'approuvons).
3. Beauté: (justesse; forme; vividité; simplicité; richesse; entièreté; perfection; complétude; unicité; honnêteté.)
4. Entièreté; (unité; intégration; tendance à l'unicité; interconnexion; simplicité; organisation; structure; ordre; non- dissocié; synergie; tendances homonome et intégratives).
4a. Transcendant les dichotomies: (acceptation, résolution, intégration, ou résolution des dichotomies, des polarités, des opposés, des contradictions); synergie (c'est-à-dire transformation des oppositions en unité, des antagonismes en partenaires collaborant ou s'enrichissant mutuellement).
5. Vie: (processus; non-mort; dynamique; éternel; s'écoulant; se perpétuant; spontanéité; énergie autonome, auto-formation; autorégulation; pleinement fonctionnel; changeant et pourtant restant le même; s'exprimant, sans fin).
6. L'unicité: (idiosyncrasie; individualité; singularité; non-comparabilité; ses propres caractéristiques; nouveauté; ne ressemblant à rien d'autre).
7. Perfection: (rien de superflu; ne manquant de rien; tout à sa place; non-améliorable; juste; adéquation; justice; complétude; rien au-delà).
7a. Nécessité: (inévitabilité, ce doit être juste comme ça; non modifié si peu soit-il; et il est bon que ce soit ainsi).
8. Complétion: (finissant; finalité; justice; c'est achevé; plus de changement de la Gestalt; satisfaction; finis et telos; rien de manquant; cessation; climax, communication; clôture; mort avant renaissance; cessation et complétude de croissance de développement; gratification totale sans plus de gratification possible; pas d'effort, pas de mouvement vers un but quelconque car déjà atteint; pas de gestes en direction de quoi que ce soit au-delà de soi).
9. Justice: (équité; adéquation; qualité; qualité architectonique; nécessité; inévitabilité; désintéressement; non- partialité).
9a. Ordre: (légalité; justesse; rythme; régularité; symétrie; structure; rien de superflu; parfaitement disposé).
10. Simplicité: (honnêteté; nudité; pureté; essentialité; succincteté; élégance [mathématique]; abstrait; inéquivocabilité; structure squelettique essentielle; le cœur des choses; direct; seulement ce qui est nécessaire; sans ornement, rien de superflu).
11. Richesse: (totalité; différentiation; complexité; rien de manquant ou de caché; entièrement présent; "non- importance", c'est-à-dire tout est aussi important; rien n'est inimportant; tout laissé en l'état, sans amélioration, simplification, abstraction, réarrangement; complétude.)
12. Absence d'effort: (facilité, absence de tension, ou de difficulté, grâce, fonctionnement parfait et beau).
13. Jeu: (amusement, joie, gaieté, humour, exubérance, absence d'effort).
14. Autosuffisance: (autonomie; indépendance; ne nécessitant pas autre chose que soi afin d'être soi; autodéterminant; transcendant l'environnement; autonomie, vivant selon ses propres lois; identité).
Un problème récurrent pour toutes les religions organisées, révélées, durant le siècle dernier a été la contradiction sèche entre leur prétention à une vérité finale, totale, inchangeable, éternelle et absolue et le flux culturel, historique et économique et le relativisme affirmé par les sciences sociales et par les philosophes de la science. Toute philosophie ou système religieux qui n'a pas de place pour le flux ou le relativisme est intenable (parce qu'il est faux envers tous les faits). Mais le désir ardent humain pour la paix, la stabilité, l'unité, pour une certaine forme de certitude, tous continuent à exister et à rechercher la satisfaction, même après que l'establishment religieux ait échoué dans sa tâche.
Il est possible que les données des Peak-Experiences offrent un jour une résolution possible pour la transcendance de la dichotomie entre relatif et absolu, historique et éternel.. Les E-valeurs dérivées des Peak-Experiences, aussi bien que d'autres sources (62), nous fourniront peut-être une variété parfaitement naturaliste de "certitude", d'unité, d'éternité, d'universalité. Bien sûr, tous ces mots devront être compris d'une façon particulière qui est nouvelle et inhabituelle. Et pourtant, suffisamment du sens ancien, désiré, est conservé pour fournir la satisfaction que les religions organisées prétendaient pouvoir fournir.
Bien sûr, ces "vérités ultimes," si elles sont confirmées, restent des vérités au sein d'un système. C'est-à-dire, elles semblent être vraies pour l'espèce humaine. C'est-à-dire, dans le même sens que les théorèmes euclidiens sont absolument vrais au sein du système euclidien. Une fois encore, tout comme les propositions euclidiennes sont finalement tautologiques, les E-valeurs pourraient aussi (voir Appendice F) s'avérer des caractéristiques définissant l'essence de l'humanité, c'est-à-dire des aspects sine qua non du concept "humain," et donc, tautologiques. L'Affirmation, "la personne pleinement humaine perçoit à certains moments l'unité du cosmos, fusionne avec, et s'y repose, entièrement satisfaite à cet instant dans sa quête d'unité", est très probablement synonyme, à un "niveau élevé d'agrandissement" (59) de l'affirmation, "Ceci est une personne pleinement humaine".
Pour l'instant, je n'essayerai pas d'aller au-delà de ces "absolus relatifs à l'espèce" pour parler des absolus qui demeureraient si l'espèce humaine venait à disparaître. Il suffit à ce stade d'affirmer que les E-valeurs sont des absolus d'un certain genre, un genre humainement satisfaisant, qui plus est sont "cosmocentriques" dans le sens dans lequel l'entend Marcel, et qui ne sont pas relatifs à la personne ou égoïstement centrés sur l'ego.
Table des Matières
Appendice H