QU'EST CE QUE L'INTÉGRATION?

Introduction

L'un des processus les plus fondamentaux dans les systèmes intelligents, des individus aux sociétés, est la façon dont sont traités les concepts divergents ou contradictoires. Rares sont les situations où les objectifs internes sont atteints en douceur dans l'environnement existant. Ses propres projets sont toujours à un plus ou moins grand degré incompatibles avec des limites, des possibilités, des attentes et des projets (externes) de l'environnement. C'est le conflit de l'existence le plus le plus fondamental. Ce conflit existe aussi bien dans des faits (des projets, des structures, des interactions) que dans des concepts (incongruences internes et externes entre des cadres conceptuels).

Il y a en général trois façons de résoudre ces conflits et incongruences: la sélection, le compromis et l'intégration.

La sélection (le choix) est au premier abord la voie la plus simple, mais elle génère sur la durée le plus de problèmes. Elle consiste en un choix ou une sélection de l'une ou plusieurs parmi de multiples possibilités. Le mythe sous-jacent ou paradigme fermement soutenu par la philosophie et les logiques aristotéliciennes-cartésiennes et fermement défendus par ceux qui sont au pouvoir, est qu'en présence de plus d'une hypothèse, une seule peut être vraie, et donc toute vue divergente est fausse. La pensée logique par la déduction, ou, si elle n'est pas possible, la référence à l'autorité ou au choix démocratique, est LA façon de décider quelle approche est vraie ou la meilleure.

La description symbolique est : SI [A ET B] ET [A est <>B] ALORS [A OU B] (<> veut dire ici: non facilement combinable avec).

Il existe bien sûr la possibilité théorique que deux éléments soient complètement compatibles, afin qu'une combinaison harmonieuse puisse être effectuée. Mais cette situation n'est hélas pas très fréquente. Théoriquement, parmi plusieurs alternatives présentées, "la bonne" solution (intégrée) peut être présente, et un choix simple peut alors conduire à l'intégration. Mais ici encore, cette situation est des plus exceptionnelles et même si elle est présente, elle sera souvent inacceptable pour des raisons psychologiques, comme nous le verrons plus tard.

Le compromis (ou l'intégration partielle, limitée) est un autre paradigme. Il est utilisé quand les tendances contradictoires de concepts (ou de leurs auteurs) sont de force ou d'importance plus ou moins égale, faisant du choix une solution inopportune du fait des complications majeures qui surgiront immédiatement si la sélection est appliquée. Dans le cas où une solution, produisant au moins temporairement le soulagement, est élaborée, elle consiste dans l'approche des aspects les plus sensibles du conflit. Par le plus sensé je veux dire: qui présente la plus grande importance émotionnelle pour toutes les parties concernées, ou l'aspect (le coût) est le plus facilement mesurable.

L'avantage d'une telle approche est que des complications majeures seront évitées et qu'il est possible de continuer à fonctionner ensemble. Le désavantage est que les aspects non-intégrés subsisteront et mèneront à une date ultérieure à de nouveaux conflits.

Ces deux paradigmes, bien que très populaires dans notre culture, et même philosophiquement, moralement et politiquement renforcés, ne sont pas satisfaisants sur le long terme. Cette inadéquation augmentera dans des situations où l'évolution s'accélère et où de plus en plus de gens prennent conscience de la non pertinence de réprimer des éléments importants pour parvenir à un pseudo-consensus. Un nouveau paradigme pour résoudre les conflits fondamentaux de l'existence (conceptuels et factuels) et pour pallier aux insuffisances des paradigmes du choix et du compromis est proposé ici: l'intégration.

Définition

L'intégration est un processus de combinaison d'éléments qui au premier abord semblent incompatibles ou même conflictuels, mais qui après un peu d'analyse et de re-synthèse (menant à la reformulation ou la réorientation), s'avérent être plutôt complémentaires.

"L'astuce" essentielle permettant l'intégration, ( utilisée incomplètement et intuitivement dans le compormis), est que l'on se rend compte que chaque forme concrète d'idée/projet n'est pas l'aspect essentiel, mais une tentative de traduire quelques valeurs "sous-jacentes" plus importantes en une forme concrète adaptée à l'évidence disponible. Le problème avec la sélection et le compromis est la supposition inconsciente apparemment fausse, que la valeur essentielle d'une idée ou d'un projet réside en sa forme réelle, résultant en des conflits du type "c'est à prendre ou à laisser".

Symboliquement ce processus pourrait être représenté par:

{A,B} Æ (A') et (BÆB') Æ {A'B'}

Où A et B sont des éléments dans leur état primaire, "non intégrable", qui sont "rétroduits" à leur "essence" (AÆA) et (BÆB'), ce qui les rend "intégrables" et ensuite combinés en une nouvelle unité (A'B'). Nous proposons ici la fonction W (Oméga) pour décrire brièvement ce processus:

W {A, B} = {A'B'}

Classification

Il semble y avoir deux domaines principaux d'application pour des processus d'intégration : conceptuel et factuel. Ceux-ci peuvent parfois être liés l'un à l'autre, par exemple quand l'intégration conceptuelle entre les gens mène à l'intégration factuelle de leurs activités. Mais l'intégration factuelle peut se produire sans précéder l'intégration conceptuelle, par un processus itératif d'essai et d'erreur, par exemple entre des organismes sans intelligence.

L'intégration conceptuelle est un moyen de pensée, par lequel l'information partielle ou des aperçus apparemment contradictoires (ou des plans, des hypothèses, des paradigmes, des théories, des projets, des programmes, etc) peuvent être reformulés, afin que ces éléments puissent harmonieusement être combinés en un élément d'information ou un éclairage plus complet, ayant plus de valeur. Le résultat de ce processus combine chaque élément de valeur de l'original, des éclairages partiels et/ou conflictuels. Par conséquent, le résultat de ce processus logique présente toujours plus de valeur et est plus plausible que chaque éclairage séparé, tout du moins si les règles d'intégration sont correctement appliquées.

L'intégration structurelle est un moyen d'interaction, par laquelle deux (ou plus) systèmes (des organismes, des molécules, etc) effectuent des adaptations structurelles et/ou procédurales dans leur mode de fonctionnement -- le plus souvent par tâtonnement --, pour que tous les éléments impliqués atteignent une meilleure réalisation de leurs "besoins" individuels qu'avant le processus d'intégration. La symbiose, la collaboration, la coopération, la complexification, la socialisation, la synergie constituent ses exemples frappants de ce phénomène. Le processus évolutionnaire cosmique dans son entier peut être décrit en termes d'intégration. Seuls des systèmes intelligents comme les êtres humains sont capables de comprendre une intégration aussi factuelle comme le résultat de l'intégration conceptuelle consciente.

Lorsque nous faisons référence à l'intégration dans des textes, nous voulons le plus souvent dire intégration "conceptuelle".

Intégration comme un processus conceptuel

Le processus d'intégration procède selon quelques étapes logiques, qui peuvent être décrites. Il consiste essentiellement en deux étapes principales: (1) une rétroduction d'éléments apparemment conflictuels à leurs essences non-conflictuelles et (2) la combinaison de ces essences en un cadre logique plus élevé.

Pour une description en profondeur du processus d'intégration, voir cette page et aussi une description complète ou une description détaillée

Un rappel rapide de la Définition d'Intégration

Bien que ce mot devienne de plus en plus populaire (même Ken Wilber a commencé à l'utiliser depuis le début des années 2000, en complément de son "intégral"), tout le monde ne l’utilise pas en lui donnant le même sens. Il y a, en fait, 3 niveaux d'intégration (conceptuelle):

1. Simplement réconcilier plusieurs approches, pour sensibiliser l'auditoire aux multiples facettes d'un même phénomène. Cette approche est synonyme de multidisciplinarité. Dans la même ligne de pensée, quelques psychothérapeutes qui étendent leur travail psychologique aux aspects somatiques et visant à un équilibre psychosomatique, se présentent comme intégrateurs. L'Eclectisme, prenant le meilleur de tous les mondes, est une approche analogue.

2. Synthétiser une théorie "unifiée" à partir de plusieurs théories. Deux profondeurs peuvent être discernées ici, bien que la frontière entre les deux soit bien sûr imprécise:

(a) Cette seconde manière d'intégrer reste trop souvent plus ou moins superficielle, et est caractérisé par des tables complexes où les contributions de plusieures théories sont juxtaposées, partiellement intégrées, ou des compromis sont faits. Elle suggère que l'intégration ne consiste pas en grand-chose d'autre que l'octroi de nouveaux noms à des concepts anciens. Cette sorte d'intégration (synthèse serait probablement plus approprié) est impressionnante de par le grand nombre d'auteurs cités. Cette sorte d'intégration est typique des auteurs qui tiennent leur connaissance principalement de la lecture et n'ont pas d'expérience pratique, réaliste, dans le domaine où ils intègrent, d'ou il résulte un réel danger de sous-estimer les aspects impondérables du sujet.

(b) Mais une réelle intégration en profondeur à ce niveau exige l'étude des processus sous-jacents (comme il est suggéré dans notre description théorique du processus d'intégration). Cela résulte souvent -- souvent mais pas toujours -- en quelque chose de beaucoup plus simple et de plus complet que les théories originales.

3. Intégration en tant qu’outil scientifique. Cette troisième manière d'intégrer - et la seule complète - utilise la procédure intégrative comme un outil de plausibilité scientifique, complétant et dépassant souvent la fiabilité scientifique exacte qui est limitée aux domaines où des mesures exactes et des expériences peuvent être exécutées - les sciences physiques. La science intégrative considère que la plausibilité - plutôt que le terme désuet de vérité - augmente avec le nombre d'hypothèses qui sont intégrées, à la condition que les processus sous-jacents soient correctement intégrés en profondeur. Bien qu'on puisse supposer que les cercles universitaires fassent preuve d'enthousiasme envers cette nouvelle forme de pensée scientifique, ce qui se produit est plutôt l'inverse. Non seulement notre système universitaire est construit sur le principe d'hyper spécialisation (en savoir de plus en plus sur de moins en moins), alors qu'une "université" plus appropriée devrait être fondamentalement plus "universelle", favorisant probablement une autre sorte d'intellectuels. Mais les publications scientifiques - au moins dans des domaines "inexacts" - devraient aussi être complètement différentes. Et la résistance psychologique sera aussi vraisemblablement importante.

Bien sûr, construire un site intégrateur requiert cete troisième définition complète d'intégration.

Il existe aussi, comme expliqué ailleurs, l'intégration factuelle, et si cette intégration factuelle concerne des dispositifs d'information (des ordinateurs, l'organisation de l'entreprise, des circuits "intégrés") elle semble être une sorte d'intégration conceptuelle. Mais l'intégration factuelle est le plus souvent très hiérarchique: les données vont du bas vers le haut et des instructions vont du sommet vers le bas. L'intégration conceptuelle est, par son essence même, "peer to peer": c'est une sorte de pensée coopérative.

Les étapes intégratrices

Ces trois phases sont en fait les étapes fondamentales de la pensée créative, un phénomène processuel: C-S-R.

1. Compilation

On commence par une compilation simple des contributions, ordonnées selon leur date de contribution, parce que souvent (mais pas toujours) les commentaires ultérieurs sont inspirés par les contributions précédentes. Il est souvent utile d'indenter ou de colorer les commentaires, et de montrer ainsi la contribution originale. Et des commentaires peuvent appeler les commentaires. La compilation est souvent gênée par la faible participation des visiteurs du site ou les membres du forum. Ce problème est très courant, la plupart des internautes étant plus motivés par le fait de montrer leurs propres productions intellectuelles plutôt que de chercher une intégration par la contribution de commentaires constructifs aux contributions des autres.

2. Schématisation

En une seconde étape les textes sont de plus en plus "démêlés" et réunis en fonction de leur signification. Progressivement, un arrangement logique apparaît, suggéré par les contributions spontanées. La créativité intuitive est active ici, menant à la formulation d'un arrangement logique.

3. Reformulation

Lors d'une troisième phase, les textes les plus longs ou les listes d'idées sont remplacés par de nouvelles formulations. Les contributions originales peuvent être maintenues comme des illustrations et " preuves" de l'hypothèse avancée, ou entièrement reformulées . Cette troisième phase est l'étape la plus créative, où des processus sous-jacents sont consciemment décrits.

Les étapes S et R sont en particulier les deux aspects de la pensée créative: l'intuition d'un nouvel arrangement ou d'un cadre conceptuel (avec une hypothèse sous-jacente, implicite) et l'explication ou la formulation explicite de cette hypothèse. L'étape C n'est pas encore une étape créative en soi, mais est très fertile pour produire la créativité.

Applications

L'importance du processus d'intégration dans des situations complexes ne peut pas être surestimée : c'est l'essence des processus les plus intelligents dans la pensée et l'(inter)action.humaine.

1. L'intégration est une modalité de résolution de problème, dans la mesure ou elle nous permet de rassembler des vues divergentes et même conflictuelles. Dans ce sens elle diffère profondément des deux méthodes de résolution de problèmes les plus répandues, à savoir le choix et le compromis. L'intégration mène à la construction et à l'évolution positive, tandis que le choix et le compromis conduisent au conflit et à la perte d'énergie et de clairvoyance.

2. L'intégration nous permettra de rassembler les contributions de valeur provenant d'écoles théoriques divergentes, particulièrement dans la psychologie. Avec d'autres "sciences" culturelles comme la religion, la philosophie, des arts et la politique, la psychologie montre une tendance déplorable à se fractionner en plusieurs, "écoles" apparemment incompatibles, de la psychanalyse au behaviorisme. Le mouvement intégrateur s'efforce de combiner les valeurs de chaque théorie divergente. Parmi d'autres choses cela pourrait mener à des applications plus efficaces par exemple dans la psychothérapie et les processus de communication, et à une augmentation significative de la qualité de la vie. L'intégration devrait aussi être le style de communication des Sites Web, visant à l'élaboration d'une vision globale ou d’une Noosphere.

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L'intégration est maintenant une approche assez commune dans des groupes professionnels divers, qu'ils soient commerciaux, gouvernementaux, ou universitaires. Il y a quelque temps j'ai lu un article du président d'AOL portant précisément sur cette question d'intégration telle qu’employée dans la recherche d'entreprise. Et académiquement les universités principales (que je connais aux Etats-Unis) ont toutes des programmes d'études multi-disciplinaires et des diplômes, où l'intégration est un facteur nécessaire. Quant à moi, en tant que philosophe de systèmes, je recommande l'étude de référence de Ervin Laszlo "la Philosophie de Systèmes" qui a il y a bien longtemps abordé la conception de modèles créative via la synthèse ou l'intégration de modèles préalables (sur n'importe quel sujet donné). Notre siècle est devenu le siècle d'information Intégral!

3. On peut voir l'intégration comme le coeur du processus de communication. Une majorité des relations affectives échouent après 5 à 10 ans. Des explications psychologiques de ce phénomène regrettable incluent : (1) l'art de la communication n'est jamais enseigné, que ce soit à l'école, ou dans l’enfance à la maison; (2) l'incompétence à communiquer entre partenaires est masquée par notre tendance spontanée à épouser les personnes avec qui nous sommes "tombés amoureux", c'est-à-dire un partenaire avec une structure de personnalité complémentaire. Cette complémentarité masque l'incompétence communicative pendant plusieurs années. De plus, "se comprendre sans la nécessité de débattre" semble être le point culminant des compétences de communication. Alors que la divergence augmente dans un contexte non communiquant, non-intégrateur, les choix et les conflits en résultant semblent de plus en plus inévitables. Former les personnes à des compétences de communication inclut la disposition envers celle-ci, et la compétence d'intégration, c'est-à-dire: la découverte de voies qui plaîsent à tous les deux.

4. On peut voir l'intégration comme un outil pour augmenter la plausibilité de nouvelles théories, dans des domaines où "la méthode scientifique exacte" ne peut pas être appliquée. La science exacte essaye "de prouver" son exactitude en augmentant l'exactitude de ses mesures et de ses descriptions. Dans des domaines où ces mesures exactes ne peuvent pas (encore) être accomplies, il y a toujours le moyen de réaliser la plausibilité: en se référant à un grand nombre d'applications possibles et à un grand nombre de phénomènes analogues. Un nombre maximal d’applications/références est aussi utile dans les sciences exactes, mais leur manque (relatif) peut être largement compensé par la mesure exacte. Lorsque des mesures exactes ne sont pas (encore) faisables, l'intégration est indispensable. Sans cela, des avis partiaux ont une tendance incontrôlable à dévier vers des exagérations unilatérales. Ainsi, nous avons deux méthodes scientifiques à notre disposition : La méthode scientifique exacte, pour des phénomènes où la mesure exacte est possible et la méthode scientifique intégratrice, pour des phénomènes où la mesure n'est pas encore praticable.

5. La pensée consiste en deux processus: l'induction et la déduction. La pensée déductive (de l'hypothèse à l'application) a été magnifiquement élaborée pour aboutir à la pensée scientifique, avec des étapes logiques contrôlables et des algorithmes opérationnels qui peuvent souvent être appliqués par des ordinateurs. La pensée inductive (de l'observation aux hypothèses) reste encore au-dessous du seuil de la pensée consciente et n'est toujours pas opérationalisée en algorithmes utiles, à la grande frustration des scientifiques dédiés à la "psychologie de la science", par exemple. Karl Popper. En conséquence, même aujourd'hui l'induction est le privilège des gens créatifs, des génies et des artistes, qui eux-mêmes ne peuvent pas consciemment contrôler ce processus. Il est ensuite facile de démontrer qu'une bonne idée, une invention, une meilleure théorie, une solution heureuse constitue une intégration entre des choses qui étaient précédemment conflictuelles ou pas connectées du tout. Apparemment, les génies et les inventeurs sont de bons intégrateurs intuitifs. L'intégration semble être un pas logique essentiel dans la pensée inductive, et devient la quintessence de la créativité (l'induction).

6. L'intégration semble être la solution au boom de l'information. Le rêve du bureau sans papier n'a pas été réalisé jusqu'à présent. Au contraire, jamais de telles quantités de papier imprimé n'ont été produites depuis l'invention et la popularisation des ordinateurs. Chaque bureau et chaque foyer a été transformé en une petite imprimerie. Le même problème commence sur l'Internet, où une question simple sur un moteur de recherche aboutit d'habitude à des centaines ou des milliers de résultats. Mais même lorsque nous visitons plusieurs dizaines de liens, trop souvent l'essence de ce que nous cherchions nous échappe encore. Sans aucun doute plusieurs améliorations dans les moteurs de recherche seront utiles. Mais finalement seulement un site intégrateur peut offrir, peut-être pour la première fois dans l'histoire intellectuelle, la possibilité de transfert complet et logique de l'information, avec les occasions supplémentaires de relier le visiteur à des sites plus spécifiques et de mettre à jour l'information automatiquement.

Intégration comme un processus factuel

L'intégration peut aussi être comprise sans intégration conceptuelle préliminaire. En fait, ce n'est que tout récemment dans l'évolution cosmique que l'intégration conceptuelle est entrée en existence. Tout d'abord il était nécessaire de développer la conscience à un niveau conceptuel, comme c'est le cas dans des êtres humains.

L'intégration factuelle consiste en un tâtonnement sans fin pour élaborer des systèmes qui sont, dans leur interaction interne et externe, suffisamment non-conflictuels ou harmonieux, pour créer une stabilité durable. Cette "harmonie" implique une organisation suffisamment équilibrée de la multitude de tendances potentiellement divergeantes.

Applications

1. L'intégration peut être considérée comme la façon la plus élevée, la "plus saine" de se comporter, de vivre. La Psychopathologie, les psychoses, les névroses, les perturbations d'humeur, etc. peuvent être vues comme des exemples d'un échec à intégrer: quelques besoins sont satisfaits au détriment d'autres. On peut voir le bonheur, l'équilibre psychologique et la santé mentale comme la plus haute intégration possible des besoins de l'individu et des individus du groupe auquel il appartient. Le sens subjectif de la vie consiste en une intégration consciente des propres besoins les uns avec les autres et de nos besoins avec les besoins de tous les gens avec qui nous interagissons. On peut voir le bonheur comme la conscience d'une intégration couronnée de succès. La psychothérapie peut être décrite comme l'art d'inciter les gens à réaliser de meilleures intégrations dans leurs vies.

2. Non seulement les êtres humains, mais, selon des théories évolutionnistes, chaque système dans l'univers tend vers une intégration avec ses systèmes environnants, des atomes aux êtres humains. Tant qu'une intégration n'est pas atteinte, la situation est déséquilibrée et des forces sont actives pour essayer de changer cette situation. À un niveau bas, cette tendance d'intégration est réalisée purement par la coïncidence. À un niveau plus élevé, "les bonnes solutions" sont enregistrées sous forme codée (des gènes, des chromosomes, des instincts) pour empêcher la "ré-invention de la roue à chaque fois". À un niveau élevé, intelligent, l'intégration est consciemment poursuivie, au moins pour le confort subjectif qu'il procure. La loi de Darwin "de la survie du plus convenables" peut être reformulée comme "la survie du plus intégré avec son environnement", parce qu'au bout du compte, le conflit et l'agression ne peuvent être surmontés que par l'intégration. Ainsi on peut voir l'intégration comme l'objectif suprême dans l'évolution de l'univers, le sens même de l'existence. L'intégration est un processus fondamental dans l'existence cosmique.

Conclusion

Du fait de l'importance primordiale de l'intégration, chaque éducation, chaque relation, chaque carrière scientifique, chaque carrière politique, chaque formation comme celle de psychothérapeute ou de conseiller, chaque bureau, chaque type de publication devrait commencer par une étude minutieuse du concept, des techniques et les dispositions requises par l'art d'intégration.

Historiquement

L'intégration a été intuitivement appréciée depuis les temps anciens avec des concepts comme "harmonie", "ma'at", "shalom" et des expressions comme "Dans medio virtus".

En tant que manière de penser explicite, l'intégration a été précédée par quelques paradigmes empiriques, par exemple : "thèse, antithèse et synthèse" de Kant. D'autres théoriciens, comme Assagioli et Shostrom, ont appelé cela "une synthèse créatrice". Gordon a décrit sa "méthode win-win". Maslow a parlé "de la troisième voie". On peut considérer le compromis comme une tentative expérimentale, aveugle d'atteindre certains des avantages de l'intégration véritable. Shafer et d'autres l'appellent "le dialogue". Les rêves de consensus et l'harmonie supposent une capacité d'intégrer, mais sans opérationaliser le paradigme. Un éclectique est une personne qui est ouverte à l'idée d'intégration, mais qui ne s'essaye pas à créer un tel corpus intégrateur: il choisit seulement quelques applications utiles. Comme processus factuel, l'intégration (en psychiatrie) a été d'abord décrite sous ce nom par Van Hasselt [3,4].

Bien sûr plusieurs auteurs et philosophes du 20ème siècle ont commencé à utiliser intuitivement le paradigme d'intégration pour venir à la conclusion spectaculaire même en absence de données scientifiques strictes. Parmi les plus grands figurent sans aucun doute Alfred Norman Whitehead, le fondateur de pensée par processus, Pierre Teilhard de Chardin, l'auteur d'une théorie de l'évolution incluant tout, des cordes à la société et au-delà de, Jean Gebser, le fondateur de pensée intégrale. Un livre sur des parallèles entre Whitehead et Teilhard et présentant quelques intégrations, est en cours de développement - par intégration.

Comme style conscient de pensée et méthode de rassembler des théories divergentes (par exemple les nombreuses écoles psychologiques), l'intégration a été d'abord décrite en 1978 par Kris Roose [1,2], un psychiatre de Gand (Belgique), fondateur de l'Académie pour la Psychologie Intégrative. En 1983 était fondée la American Society for the Exploration of Psychotherapy Integration,, SEPI, New York, a été fondée. Mais jusqu'à ce jour, le SEPI utilise seulement le concept d'intégration dans le sens de réunir des approches psychotherapeutiques divergentes. Les autres significations restent hors du champ de ce groupe actif de psychothérapeutes universitaires. Selon notre approche, l'intégration de la psychothérapie n'est pas possible sans étendre le domaine à la psychologie en général et même aux sciences fondamentales comme la Théorie Générale des Systèmes et la Théorie de l'Évolution.

Le terme "intégratif" est parfois utilisé dans des significations proches, pas exactement celle qui est évoquée ici. Une approche intégratrice signifie (souvent 1) une approche thérapeutique non seulement pour l'esprit, mais incluant le corps humain, ou (2) une approche multidisciplinaire ou comparative par des scientifiques non-intégrateurs. Bien que la synthèse soit sans aucun doute un pas premier et nécessaire vers l'intégration (ce n'est pas encore l'intégration en soi). L'intégration inclut une superstructure créatrice ou une généralisation plus profonde des contributions partielles, qui peuvent être déduites de la loi intégrée. Le fait que l'on ressente le besoin d'une approche muti-disciplinaire suggère que l'intégration ne soit pas encore réalisée.

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On pourra trouver une approche un peu plus détaillée de l'intégration dans Une Première Approche du Concept d'Intégration.

Ce texte de Kris Roose est paru en anglais sur le site www.noosphere.cc - Traduit par Eric de Rochefort

[1] Roose, K (rédacteur)., Ontwerp voor een integratieve psychologie, Academie voor Integratieve Psychologie, Gent (B), 1980.

[2] Roose, K. et Van Brandt, B., Het geheim fourgon het geluk, Kluwer, Antwerpen (B), 1985, ISBN 90 6716 442 9

[3] Van Hasselt, A., Het integratiebegrip dans de psychiatrie, Van Loghum Slaterus, Deventer, 1977.

[4] Van Hasselt, A., Naar eenheid dans de psychiatrische dynamica, Van Gorcum, Assen/Maastricht, 1991.

[5] Beatrix Murrell à un message au Teilhard eGroup (avril 2002)

 

Est. 11/01 - Dernière Mise à jour 06/10/02